mai 28, 2022

Encore stressé ? Arrête ton CINÉ !

Tous différents et tous uniques !

Ce qui nous stresse et la manière dont nous ressentons ce stress nous est totalement personnel. En effet, les facteurs d’individualisation du stress, tels que notre personnalité, notre état émotionnel ou notre vécu personnel ont une forte influence sur notre réaction psycho-émotionnelle à une situation.

Mon voisin de bureau vivra à sa manière un événement commun à tous, tel qu’une surcharge de travail ou la perte d’un appel d’offres.

Sonia Lupiens, directrice du Centre de Recherche de l’Institut de Santé Mentale de Montréal, a identifié, dans le cadre d’un programme de recherche, que les personnes exposées à différentes situations produisaient une réponse biologique de stress dès lors qu’elles étaient exposées à un ou plusieurs de ces 4 facteurs, symbolisés par l’acronyme C.I.N.E :

  • C comme Contrôle faible : “Je ne maîtrise rien ! Je suis dépendant des événements, des décisions gouvernementales, de la qualité de mon débit internet, d’un sous-traitant, ou d’une validation managériale”… Le sentiment de perte de contrôle engendre une réaction de stress. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’en ayant simplement le sentiment de reprendre le contrôle, votre niveau de stress baisse fortement. Sur quoi pouvons-nous reprendre le contrôle aujourd’hui ? Sur nos pensées négatives, sur nos émotions et sur notre vision du monde.
  • I comme Imprévisibilité : “Qu’est-ce qui va encore me tomber sur la tête ?” Les nouvelles règles sanitaires, la panne technique en pleine visioconférence, le problème qui vient d’arriver et qui bouscule mon organisation parfaitement huilée, les demandes multiples d’un manager multitasker… Plus il y a d’imprévus, aussi petits soient-ils, et plus ils se répètent, plus le stress monte en intensité.
  • N comme Nouveauté : “Qu’est-ce que je vais y perdre ? Il est assez rare que, face à un changement qui vient bouleverser son quotidien, l’être humain visualise de son propre chef les bénéfices de la nouvelle situation. Depuis le début de la crise sanitaire, nous avons alterné confinement, déconfinement, reconfinement, couvre-feu, télétravail d’urgence qui se pérennise, retour au bureau, environnement de travail hybride,… Du changement, rien que du changement ! Il est souvent perçu comme une menace risquant de briser l’équilibre établi, de faire disparaître les privilèges acquis, et de bouleverser les habitudes bien ancrées. Et même si ce n’est qu’une perception, nos filtres personnels en font une réalité bien concrète.

  • E comme Ego menacé : “Je ne suis pas reconnu dans mon entreprise !” Lorsque les besoins les plus profonds de l’individu sont mis en danger, le stress, qui n’est rien d’autre que notre instinct de survie, prend le dessus. La remise en cause de mes compétences par la digitalisation de mon métier, la perte de mes signes extérieurs de management quand je passe d’un bureau douillet à un management à distance, ou l’absence d’un simple “Merci” sont autant de facteurs d’amplification du stress professionnel…

L’exposition à l’un de ces facteurs est perçu comme un danger par l’organisme, qui apporte une réponse naturelle adaptée, en provoquant la sécrétion d’hormones du stress, telles que le cortisol. Alors que dire d’une journée de travail qui verrait s’additionner ces quatre “accélérateurs” de stress ?

Même si la notion de survie est toute relative lorsque mon manager m’annonce que je vais devoir ajouter une nouvelle tâche à ma to do list déjà bien chargée, mon corps réagit comme si j’étais en danger de mort.

Les pensées automatiques et les émotions qui en découlent vont rapidement faire de cet imprévu un obstacle insurmontable.

Comment faire face sereinement ?

Les stratégies d’adaptation positive au stress, appelées également « coping » passent nécessairement par un changement de point de vue et une prise de distance par rapport à l’événement stressant.

Elles reposent sur une posture que les personnalités anxieuses, les perfectionnistes exigeants et les contrôlants invétérés ont beaucoup de difficultés à adopter : le lâcher-prise.

Car “lâcher prise” signifie que l’on accepte sans réserve de perdre le contrôle et les imprévus lorsqu’ils surviennent. C’est accepter de relativiser face au changement, en intégrant la touche d’optimisme nécessaire pour se dire que l’avenir sera toujours plus savoureux que le passé.

Mon ordinateur lance une mise à jour 5 mn avant de faire mon intervention devant mes clients. Et si j’acceptais la situation et en profitais pour introduire ma présentation avec humour, histoire de briser la glace ?

Et si le fait de passer une partie de mon activité en télétravail était une opportunité pour me consacrer à des tâches demandant une forte concentration ?

Cette acceptation inconditionnelle des événements et des personnes extérieurs, s’applique également à soi-même. 

Car, pour que notre réceptivité au stress baisse notablement, il convient de devenir imperméable au jugement et au regard d’autrui sur soi, tout en s’entourant d’une auto-bienveillance sans faille.

En prenant conscience des situations de perte de contrôle, d’imprévisibilité, de nouveauté et de menace de l’égo vécues comme les plus stressantes dans votre activité, en les notant de 1 à 10, et en identifiant celles sur lesquelles il va falloir prioritairement lâcher prise, vous posez la première pierre d’un plan de gestion du stress individualisé.